Ombres et Lumières
par René Milon, François Jacquel , Francine Buchi. 2e prix
Ce vieux caravansérail que l'on nomme le monde, ce séjour alternatif de la lumière et des ténèbres, n'est qu'un reste de festin de cent potentats comme Djèmchid. Ce n'est qu'une tombe servant d'oreiller à cent monarques comme Béhram.
Omar khayyam (Roubaiates).
Notre voyage a été celui des caravanes. Nous étions nous-mêmes une caravane d'un style nouveau qui empruntions une voie Millénaire. Qu'allions-nous chercher, sur ces chemins tant de fois parcourus avons-nous ? Peut-être avant tout le vieux rythme du vagabondage et cette sagesse orientale qui veut que le monde est une belle lampe qui tour à tour s'embrase et s'éteint, et que nous y sommes que des passants stupéfaits, comme autant de figurines pour l(orner. Au long des jours et des nuits, au long des 29 aurores est d'autant de crépuscules, nous avons connu des soleils de toutes sortes, et des images d'ombres qui, plus surement que le rêve, nous ont emportés au plus profond du temps, au pays des Mille et Une nuits.
il arrive que, pris au piège dans un dans une tchaikhana sans âge, la lumière s'adoucisse et se calme. La vieille maison et ses nattes désertées garde le souvenir des hommes des caravanes qui dans sa fraîcheur ont savouré le thé avec le temps qui passe.
Mais le répit est court.
ils dressent leur tente de nomades dans la chaleur torride, et ne se délivrent du jour en feu qu'une fois que le soleil se couche derrière la croupe des chevaux et que les chameaux replient leurs pattes pour dormir.
Nous avons l'impression d'être du même voyage, et qu'ici le passé et le présent se rejoignent au cœur de cet été qui dure depuis si longtemps. La lampe du monde alors s'éteint. Et les soleils d'artifices, une fois la nuit tombée, éclairent des trésors passagers, dans ce moment fugace qui relie le jour qui n'est pas venu et celui qui est déjà passé.
Enfance du matin toujours renouvelée, dans le caravansérail du monde le voyage continue dès lors que la plus petite fille commence à jouer dans la lumière.
Que sommes-nous allés chercher, sur ces chemins tant de fois parcourus avant nous ?
Nous avons poursuivi la route céleste dont parle le poète, et nous aussi nous avons bouclé la boucle. Quelle est cette trame, issue des jeux perpétuels de l'ombre et de la lumière ? Les hommes passagers ne tissent ils que le filet du temps dont ils vont être les victimes ?